WILLY COPPENS
Willy Coppens fut le premier «
as » de la chasse belge au cours de la Grande Guerre avec un total de
trente-sept victoires, dont vingt-huit ballons
Son histoire est méconnue en France et pas très connue en Belgique, pourtant elle mérite d'être racontée tellement elle est symptomatique de ces jeunes heros qui risquaient leurs vies au quotidien.
Willy Coppens nait le 6 juillet 1892 à
Boisfort près de Bruxelles. Il est le fils d'un peintre orientaliste
connu: Omer Coppens.
Sa jeunesse fut ponctuée d'interets pour les
nouvelles mécaniques: les motos, les moteurs à voile et bien sur
l'aéronotique.
il fabriqua même un planeur avec Edmond Thomson en
1910.
En 1912 il fait son service militaire au sein du 2eme régiment de grenadier Belge; c'est dans ce régiment qu'il sera mobilisé en 1914.
La guerre eclate et il se retrouve à combattre au sol, ce qui lui semble insupportable. Alors il fait des demandes pour être integré dans le corps des pilotes Belges. Sa demande est ecarté mais à force d'insistances on lui propose d'aller en Angleterre pour passer un brevet de pilote civil (à ses frais).
Il passe son premier brevet à l'école Ruffy Baumann de Hendon, en Angleterre, où, le 3 octobre 1915, il effectua son premier vol à bord d'un biplan type Caudron.
Le 5 décembre, après une trentaine de leçons et 3 heures
56 minutes de vol, il fut enfin lâché
Ayant en poche son brevet (n° 2140), il fut affecté à
l'école militaire d'Étampes (qui faisait lieu d'ecole militaire Belge),
commandée par le lieutenant De Caters, l'apprentissage débutait sur le
Maurice-Farman type 1913.
Le 15 septembre
1916, quand il passa avec succès son brevet de pilote militaire, il
avait à son actif 62 heures 55 minutes de vol en solo (203 vols) et 9
heures 10 minutes comme élève ou passager.
Il fut alors
affecté à la 6e escadrille, basée à Houtlem
Il vola le surlendemain de son
arrivée à Houtlem, et c'est à Ramskapelle qu'il reçut le baptême du feu
(à ses débuts, il avait pour coéquipier le capitaine Declercq). Le 8
avril 1917, Coppens gagnait ses galons de sergent, et, le 17 du même
mois, il était versé à la 4e escadrille, commandée par Paul Richard
Cette escadrille était equipée de Farman F-40. Elle était
destinée à l'observation et au bombardements de nuit. C'est ainsi que,
le 26 avril, Coppens prit part aux premiers bombardements de nuit sur
les baraquements allemands de Zarren. Son premier combat aérien, qui eut
lieu le 1 er mars 1917, lui valut une citation. Dès lors, il fit
inscrire sur son capot le mot « Volontiers » Le 3 mai, il participa à
l'attaque de l'aérodrome de Ghistelle. C'est dans la 4e escadrille qu'il
gagna ses galons de sergent-chef. Il la quitta le 15 juillet, pour la 1
re escadrille de chasse.
En juillet
1917, l'escadrille était équipée de Nieuport 17 de 110 ch, mais il
restait encore un avion de type XI, que l'on confia à Coppens.
Le 21 juillet 1917, il livrait son premier combat sur avion de chasse au-dessus de Schoore, malheureusement sans résultat.
Au moment où Coppens entrait dans la
chasse, les "Cigognes" françaises arrivaient dans le secteur. Il eut
ainsi la joie de rencontrer Guynemer. La présence de la célèbre
escadrille française raviva la confiance des pilotes.
Le 19 août 1917, Coppens fut promu adjudant et eut un
nouvel avion: Hanriot HD-I.
A la même epoque il est surnommé par les Allemands le
"diable bleu" car il a fait peindre son avion, un Hanriot HD1, en bleu
turquoise.
Il devait ensuite remporter toute une
série de victoires, mais dans une spécialité bien particulière : la
chasse au Drachen. Ces ballons, gonflés à l'hydrogène et servant au
réglage des tirs d'artillerie, auraient constitué des cibles idéales
s'ils n'avaient été protégés par l'artillerie antiaérienne.
La « chasse au
ballon » requérait donc une grande adresse et beaucoup de sang-froid de
la part du pilote car il etait la cible d'armes anti-aériennes massives
et du degonflement destructuré du ballon dans l'air.
Cela lui
valut le surnom du "tueur de Drachen" de la part des Allemands.
Le 8 mai
1918, à 1 400 m et 1 500 M, il abattit les ballons de Zarren et de
Houthulst, ce qui lui valut les félicitations
du roi des Belges en personne.
Entre le 25
avril et le 19 mai 1918, il remporta cinq victoires et eut ainsi les «
honneurs du communiqué ». Les 5, 9 et 10 juin, les victoires se
succédèrent. Le 24 juin, il réalisa son premier « doublé », en abattant
un Drachen à Warneton (au sud d'Ypres) et un Hannovraner.
Le roi Albert récompensa le courage
et l'habileté de Willy Coppens en le décorant de la croix de chevalier
de l'ordre de Léopold et de l'ordre de la Couronne.
Coppens
devenant de plus en plus audacieux, les Allemands commencèrent alors à
lui tendre des traquenards : le 3 août 1918, après sa vingt-deuxième
victoire à Rethel, il évita le piège d'une saucisse chargée d'explosifs!
Le 14 octobre, alors qu'il avait atteint le chiffre de
trente-six victoires, Coppens fut victime d'un très grave accident.
Ayant décollé vers 5 h 40, il aperçut le ballon de Thourut en ascension
vers 600 m, et, plus proche, un ballon au Pratt Bosch, à 900 m.
Il tira quatre
balles sur le ballon au Pratt Bosch qui prit feu et tomba en un
instant. Puis, tandis
qu'il se préparait à attaquer le ballon de Thourut, ramené à 300 m, il
fut touché à la jambe par une balle incendiaire tirée du sol.
Il arriva,
tant bien que mal, à rejoindre Eessen, à l'est de Dixmude. Cet accident
lui valut d'être amputé d'une jambe.
Il sorti de
l'hôpital le II juillet 1919...et recommença à piloter le 28 du même
mois. Bien qu'amputé à la hauteur de la cuisse, il réussit même à
réaliser une descente en parachute de 6 000 m.
Après la
guerre il fut promu capitaine et fut anobli par le Roi des Belges Albert
sous le nom de Chevalier Coppens de Houthulst, du nom de la forêt
au-dessus de laquelle il remporta plusieurs de ses victoires.
En
l'anoblissant le Roi lui dit: "Là-haut, dans le ciel, vous avez montré
ce que peuvent les Belges" et Coppens de répondre:" Oui Sire, grace au
Hanriot HD1"!